dimanche 30 septembre 2007

« Making of » de la planche 20

1ère partie : du synopsis au crayonné.

Hello à tous,
Voici un petit aperçu des différentes phases de travail par lesquelles passe chaque planche de l’album. Ceci vous donnera une idée précise de la manière dont je bosse. Par sa simplicité et sa lisibilité, la planche 20 m’a paru un bon choix pour illustrer ce making of.

Étape préliminaire : Le synopsis séquencé.
Le synopsis séquencé est un résumé de l’histoire en quelques pages, où l’intrigue est détaillée scène par scène. C’est à l’étape du synopsis que se déterminent les questions cruciales de rythme, d’intentions, d’ellipses… Lorsque je travaille sur le synopsis, je cherche à obtenir une vision très précise de l’enchaînement des séquences, des informations qu’elles devront contenir ou ne pas dévoiler, des décors et des protagonistes qu’elles présentent, du rythme de lecture rapide ou lent qu’elles doivent induire, entre autres. Bien entendu, il est important d’avoir une idée la plus claire possible de ce que l’on cherche à raconter. Même si l’on ne souhaite pas spécialement transmettre un « message », il est bon de savoir qu’il en passe toujours un, ne serait-ce qu’à travers la structure de l’histoire ou le choix des protagonistes et de leurs succès et échecs. Autant donc essayer de contrôler ce qu’on est en train de dire. C’est sans doute, à mon avis, la phase la plus cruciale de toute la création de l’album, c’est pourquoi il faut bien la soigner.
A ce stade, les numéros de page ne sont pas encore déterminés, mais je sais déjà que telle scène comptera X planches. Par exemple, la scène 5 comptera 4 ou 5 pages (parmi lesquelles la future planche 20). Typiquement, chaque album compte environ une vingtaine de scènes : 21 pour Neandertal T1, 23 pour le tome 2 (à ce jour).

Étape 1 : Le scénario découpé/dialogué.
L’écriture du scénario, élaboré à partir du synopsis, est pour moi l’étape où je détermine un premier découpage en planches et en cases, au jugé, sans dessiner, juste en visualisant mentalement. Le fait d’écrire une phrase ou deux pour décrire chaque case me permet de vérifier, par exemple, que je n’ai pas oublié une info importante, et que l’enchaînement narratif fonctionne bien. Il va de soi cependant que le story-board crayonné rectifie quasiment tout le temps ce premier jet. C’est aussi à cette étape que j’écris les premières versions des dialogues, qui seront conservés tels quel ou remaniés plus tard.

Étape 2 : Le story-board.
Contrairement au scénario, réalisé d’une traite sur une durée de quelques semaines, je réalise le story-board de chaque planche au fur et à mesure de la création de l’album. Ce croquis rapide, griffonné sur un A4 plié en deux*, est l’occasion de « mettre à l’épreuve » le pré découpage du scénario. Des fois ça fonctionne facilement, et des fois c’est compliqué. Il peut m’arriver de devoir essayer trois ou quatre versions d’une même planche avant de trouver la bonne composition. C’est à cette étape que se détermine le choix des plans (plan d’ensemble, gros plan…), des angles de vue (plongée, contre-plongée)… C’est aussi à ce moment qu’il faut bien penser à ce qu’induit comme sensation de lecture le format de chaque case : en hauteur ou allongée, petite ou grande…
*comme je colle ces feuilles pliées ensemble, j’obtiens à l’arrivée un mini album format A5 quasiment illisible mais auquel j’ai fini par m’attacher.

Étape 3 : Le crayonné.
Première étape de la création de la planche proprement dite, la réalisation du crayonné demande grosso modo une journée de travail pour chaque planche. Je travaille sur format raisin (50x65cm) mais le cadre réel que j’utilise, hors marges, est 33x48cm. Le crayonné est une mise au propre du story-board, souvent avec des corrections par rapport à ce dernier, également. Il faut cependant essayer de ne pas trop s’éloigner du story-board, car, conçu en tout petit, celui-ci possède des compositions vigoureuses et une concision qu’il est bon de ne pas trop perdre. Le risque en général est de « ramollir » la compo par rapport au story-board, et surtout de se paumer dans des détails en s’éloignant de l’essentiel. Une chose importante à cette étape est le calage des dialogues dans les bulles. Les bulles sont tracées « au jugé » dans un premier temps. Puis je scanne la planche et intègre mes textes à celle-ci sur photoshop. Si je constate que la bulle est trop petite, trop grande ou mal placée, je modifie en conséquence le tracé de la bulle sur l’original.
J’envoie les crayonnés de chaque planche à l’éditeur qui les relit attentivement (une nouveauté de cette série). C’est alors parfois l’occasion d’une saine discussion, où un œil extérieur avisé peut me permettre de me rendre compte de difficultés de lecture ou de confusions. Dans ce cas, je prend ma gomme et j’améliore le tir.
Finalement, lorsque tout est calé, je me mets à l’encrage.

jeudi 27 septembre 2007

Un peu de lecture


Après vous avoir présenté les quatre premières planches de l’album à paraître, et avant de vous en montrer d’autres, voici une petite exposition de l’histoire et des ses principaux protagonistes (du moins ceux du début).
Avec tout d’abord la note d’intention de l’ouvrage :

« Il y a 50 000 ans…
Neandertal a pour cadre la France préhistorique, et les néandertaliens, nos cousins ancestraux qui peuplèrent pendant plus de deux cent mille ans l’Europe de l’ère glaciaire avant de disparaître mystérieusement, il y a près de trente mille ans. Cette série se présente avant tout comme un grand récit d’aventures, mais aussi comme une tentative fidèle de reconstitution de la vie de ces « hommes des cavernes » si célèbres et pourtant si mal connus.
Neandertal est basé, en effet, sur un important travail de documentation : la faune, la flore, le climat - éléments déterminants pour tenter de faire revivre ce monde disparu - sont restitués avec soin. Les techniques d’outillage ou de chasse sont également respectueuses des connaissances archéologiques actuelles. Les périls et les épreuves auxquels sont confrontés les protagonistes sont le reflet des dangers bien réels que pouvaient avoir à affronter nos lointains cousins. Le champ du surnaturel est par ailleurs restreint à un animisme diffus. Ici, point de pouvoirs magiques, de transformations et d’animaux doués de parole. Il est plutôt question du réalisme brutal de l’environnement glaciaire, et il faut chercher davantage la magie dans cette improbable étincelle d’espoir qui pousse les humains à s’entraider et à partager leurs savoirs plutôt qu’à s’affronter. Pour autant, les néandertaliens dépeints le sont avec toute la richesse de leurs croyances et de leur spiritualité, puisque leur espèce est la toute première à nous en avoir laissée trace. »

Et voici le « pitch » :

« Habile tailleur de silex, affligé d’une légère malformation qui le rend boiteux, Laghou est tenu à l’écart des chasses dangereuses. Mais pour venger la mort de son père, il entreprendra ce qu’aucun chasseur n’est parvenu à faire : vaincre LongueBarbe, le plus grand bison noir qui ait jamais foulé la steppe du territoire avec sa harde. Pour y parvenir, il part à la rencontre d’un clan, seul détenteur d’une arme extraordinaire, celle que l’on nomme le « cristal de chasse ».

Vous pouvez retrouver ces deux textes dans le Delcourt-Planète 40, disponible gratuitement en librairie ou en téléchargement ici. Ils sont accompagnés de deux planches de démonstration, la 8 et la 9. Allez-y voir si vous voulez un autre avant-goût, mais sachez tout de même que ces deux planches feront partie du second extrait que je mettrai en ligne bientôt. Anecdote : ceux qui ont reçu ma petite carte de vœux 2007 comprendront enfin ce que baragouinait Laghou dans la case de gauche (1ère case, planche 9)

Je me dois quand même de complèter cette présentation un peu succinte en présentant le protagoniste principal, dont vous pouvez voir ci-dessus une aquarelle de recherche.
Laghou est un jeune néandertalien, membre de la tribu des Torses rouges qui compte dans ses rangs de puissants chasseurs. Sa mère est Maabh fille de l’ours et son père Mulghar poing-de-pierre. Laghou est le plus jeune de cinq frères. L’aîné de la fratrie, Kozamh le vaillant, est en quelque sorte le protecteur de Laghou contre la bêtise ou la malveillance de ses trois autres frères, Feydda le rusé, Gohour le fort et Huor à la voix de lion.
Bien que boiteux et plus faible que ses frères, Laghou n’en possède pas moins de nombreux atouts, parmi lesquels celui d’être un excellent artisan. A cet égard, pour ceux que cela intéresse, vous noterez que la scène de taille illustrée sur la planche 1 reproduit les gestes du célèbre « débitage Levallois », une technique de taille typiquement néandertalienne (moustérienne) d’une telle complexité qu’il ne fait presque aucun doute que les hommes de Neandertal ne pouvaient se la transmettre qu’en ayant recours à un langage éllaboré. Vous pouvez en apprendre plus sur cette technologie ici (wikipedia) et .

mardi 25 septembre 2007

Extrait 1


Chose promise, chose due, voici les quatre premières planches de l'album. Ne vous fiez pas trop aux couleurs de ces copies jpg, les couleurs réelles sont plus denses et plus vives.
A + pour un petit topo sur l'album.




vendredi 21 septembre 2007

Neandertal une !


Et voilà !
C'est aujourd'hui le lancement officiel de mon blog, alors que la réalisation de l'album Neandertal Tome 1 s'achève à peine, et que le tome 2 est en plein chantier !

Salut à vous ! A vous tous qui suivez de près ou de loin la création de cette nouvelle bande dessinée depuis près de deux ans, et à vous autres, qui vous demandiez si je n'étais pas en train de feignasser depuis tout ce temps. Et salut à vous aussi, si vous découvrez ce blog par hasard.

Je peux vous garantir que c'est avec acharnement que j'ai bossé à la création de cet album de 54 pages, notamment cet été, perché dans mon nid d'aigle sans week-end ni 15 août pour finir dans les temps les couleurs de cet album, premier volet d'une nouvelle trilogie (je vous reparlerai de la suite plus tard). Et ça y est ! Après les dernières corrections et retouches par-ci par-là, l'ensemble de l'album est sur le départ pour aller chez l'imprimeur en Belgique. Et ce n'est pas sans une certaine émotion que je vous livre en avant première la couv' finalisée-definitive de ce tome 1, sortie toute chaude des ateliers graphiques de Trait pour Trait. Quoi de mieux pour inaugurer ce petit blog ?

Donc, nouvelle date à retenir : le 7 novembre prochain dans toutes les bonnes librairies (et les autres pour au moins quelques semaines). C'est vrai ça fait un peu loin, mais d'ici là je vais vous offrir des aperçus de plein de trucs...
En prime, le texte de 4 de couv' :

il y a 50 000 ans,
la tribu des Torses rouges campe à l'orée d'une caverne.
Au sein de cette tribu vit Laghou, artisan habile mais boîteux.
Tenu à l'écart des chasses dangereuses, Laghou est raillé
et malmené par les puissants chasseurs de son clan.
Pourtant, par un cruel caprice des Esprits,
il va devoir accomplir ce que nul n'a jamais accompli :
vaincre le terrifiant LongueBarbe.

Quant à tous ceux d'entre vous qui se demandent si la jolie Vo'hounâ n'est pas définitivement ensevelie dans quelque grotte oubliée, sachez qu'il n'en est rien. Le tome 4 (Les griffes de Scilax) est en préparation et verra bel et bien le jour, promis, même si je ne sais pas encore où et quand. Je vous livrerai ici même quelques planches de temps en temps, dans l'ordre, histoire de vous permettre de patienter !